vendredi 18 janvier 2008



Jusqu’en janvier 1943, les nomades furent gardés exclusivement par des gendarmes français ; ensuite par des gendarmes et des jeunes gens de la région qui échappaient ainsi à la « Relève forcée » puis au STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne.
En juin et juillet 1944, le camp fut sévèrement bombardé par les alliés qui avaient sans doute appris qu’un atelier de confection de filets de camouflage pour l’ennemi avait fonctionné dans des baraquements.
De nombreux internés furent victimes des difficiles conditions de vie à l’intérieur du camp qu’aggravaient une nourriture toujours insuffisante et de peu de valeur énergétique ainsi qu’une hygiène déplorable. Principalement les personnes âgés et, en 1944 les nouveaux-nés que ne pouvaient suffisamment nourrir des mères elles-mêmes sous-alimentées. Les bombardements alliés noircirent encore le tableau.
Si, pour les Angevins, la Libération intervint fin août 1944, il n’en fut pas de même pour les Tsiganes qui ne quittèrent Montreuil que le 16 janvier 1945… pour être expédiés sans autre forme de procès dans d’autres camps : celui de Jargeau (Loiret) et d’Angoulême (Charente) où certains restèrent jusqu’en juin... 1946 !
Quelque 3 à 4.000 Tsiganes séjournèrent ou transitèrent par le camp de Montreuil-Bellay considéré comme ayant été le plus important de France pour cette population nomade.
Enfin, le 22 octobre 1946, toutes les installations, sauf la prison, furent vendues aux enchères par les Domaines et démontées. Restaient les ruines impressionnantes des marches et des fondations des bâtiments en maçonnerie, les colonnes du poste de garde devant l’ancienne entrée, et un bâtiment complet.
Le terrain appartenait et appartient toujours à un pharmacien du bourg. Il sert depuis plus d’un demi-siècle de pacage pour des animaux qui piétinent les ruines envahies par les herbes.Le camp est tombé complètement dans l’oubli, aussi bien pour la population que pour les historiens qui ne se sont jamais intéressés à ces camps créés et administrés par les autorités françaises, jusqu’à ce que Jacques Sigot, instituteur et historien local publie un premier ouvrage en 1983. Avec Jean-Louis Bauer, un ancien interné, il réussit à faire accepter une stèle sur le site, stèle dont il dut assumer le financement avec des amis. Chaque année, depuis 1990, le dernier samedi d’avril, a lieu sur le site une cérémonie nationale officielle en hommage aux Tsiganes victimes de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis plus de 20 années, Jacques Sigot se bat dans l’indifférence quasi générale pour essayer de sauver ce lieu de mémoire. Dernièrement, des ruines ont disparu sous le faux prétexte de la création d’un rond-point routier ou de l’élargissement d’une route qui ne les condamnaient pas, et en particulier le seul bâtiment subsistant et les colonnes du poste du garde. En 2004, un nouveau projet de rond-point demandait la suppression de la prison souterraine, le seul vestige intact.
Une partie du site pourrait être sauvée et revalorisée : le quadrilatère compris entres les routes Panreux/Méron, Loudun/Montreuil, les pointillés et la voie ferrée Poitiers/Angers, soit environ 1, 5 hectare.
Aujourd’hui, au-delà de la stèle érigée en 1988 près de la prison, un véritable devoir de mémoire s’engage pour sauver et protéger ce site, même s’il rappelle des événements peu glorieux. L’association entend faire de ce lieu un enjeu mémoriel pour les générations à venir.